bioéconomie

La bioéconomie
 

La bioéconomie est un concept né dans la deuxième partie du XXème siècle et dont la définition prête encore à controverse aujourd’hui.

On peut identifier deux conceptions possibles :

  • une conception scientifique : « Une économie subordonnée au respect des normes de reproduction de la biosphère. Ainsi l’économie se trouve incluse dans la sphère humaine dont elle ne concerne qu’une partie, laquelle sphère humaine est incluse dans la biosphère » (René Passet, 1979).

  • une conception opérationnelle : « C’est l’économie de la photosynthèse et plus largement du vivant. Elle englobe l’ensemble des activités de production et de transformation de la biomasse qu’elle soit forestière, agricole et aquacole à des fins de production alimentaire, d’alimentation animale, de matériaux biosourcés, d’énergies renouvelables. » (Stratégie nationale pour la bioéconomie, 2017).

Ces deux approches de la bioéconomie ont pour dénominateur commun :

  • la prise en compte des interactions entre l’économie et le vivant ;

  • la mobilisation des potentialités offertes par le vivant pour transformer les modes de production et de consommation ;

  • l’objectif d’apporter des réponses aux défis que représentent pour les sociétés humaines, le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources naturelles et la réduction de la biodiversité.

Elles diffèrent néanmoins dans l’objectif final. Les théoriciens de la bioéconomie privilégient la préservation de la biosphère sur l’économie et la création de richesses qui doivent faire système avec l’impératif de préservation de la vie sur terre. La durabilité présente et la soutenabilité future des modèles économiques et des modes de vie sont un impératif incontournable de la préservation de la biosphère. Les acteurs de la sphère économique ont pour première priorité de trouver les moyens de réduire leur empreinte écologique tout en préservant leurs activités de production et la création de richesses ; ils considèrent le plus souvent implicitement, que la biomasse peut remplacer les énergies fossiles et que l’ingéniosité humaine et les technologies propres permettront d’effectuer la transition écologique sans remettre en cause fondamentalement la capacité à produire et à consommer.

A l’intersection des deux approches et des contraintes des différents acteurs, les politiques publiques engagent des transformations parfois ambitieuses sans toujours formuler la nature de leur objectif final, notamment en termes de durabilité et de soutenabilité.

La formation à la bioéconomie de même que la recherche reflètent cette diversité et ces tensions entre des acceptations du concept très variables et des finalités plus ou moins radicales de transformation de nos modèles économiques et sociétaux.


La bioéconomie dans le secteur agricole, alimentaire et forestier
 

La bioéconomie s’appuie très largement sur les biotechnologies, soit « l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de même qu’à ses composantes, produits et modélisations, pour modifier des matériaux vivants ou non-vivants aux fins de production de connaissances, de biens et de services » selon la définition qu’en donne l’OCDE.

Les biotechnologies vertes s’appliquent aux domaines de l’agriculture, de la sylviculture et de l’agroalimentaire : « elles reposent sur un vaste ensemble de techniques de recherche en biologie végétale, techniques de cultures in vitro ou techniques moléculaires » (INRAE). Les biotechnologies bleues, quant à elles, sont liées à l’utilisation de la biodiversité marine.

 

La bioéconomie est déjà à l’œuvre dans un certain nombre de domaines et d’activités :

Les filières agricoles sont engagées dans la production de ressources végétales et animales et d’énergies renouvelables par le biais de la méthanisation, ou de la production de biocarburants (par exemple le bioéthanol fabriqué à partir de céréales ou de betteraves à sucre, le biodiesel fabriqué à partir d’oléagineux comme le colza, etc). Les industries agroalimentaires valorisent leurs coproduits en alimentation animale ou en énergie. La filière forêt-bois propose des usages variés de la biomasse, du bois d’œuvre, du bois énergie ou encore du bois d’industrie ainsi que des matériaux biosourcés.

De nouveaux matériaux et molécules sont produits à partir des biomasses agricoles et forestières pour des applications aussi variées que la cosmétique, la pharmacie, l’automobile, la construction ou le textile. Ces différentes filières sont aussi engagées dans la valorisation des déchets organiques pour donner une nouvelle vie au carbone organique et limiter le recours à d’autres ressources : il s’agit par exemple du compostage des déchets verts ou de l’utilisation d’effluents issus de l’élevage pour la production d’énergie ou de fertilisants pour les sols.

En France selon le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA), 1,9 millions de professionnels sont directement engagés dans les activités de la bioéconomie et 80% du territoire est concerné.

 

Enseignement de la bioéconomie
 

Les établissements de l’enseignement supérieur agricole mettent le concept de bioéconomie au cœur d’une bonne partie de leur enseignement.

Néanmoins le recensement des formations en la matière n’est pas toujours aisé dans la mesure où le mot-clé « bioéconomie » apparaît rarement en tant que tel dans les intitulés des formations.

Seront donc recensées ici les formations dont les intitulés ou les descriptions paraissent en lien avec les deux définitions de la bioéconomie citées plus haut. Ce critère de sélection permet de recenser l’essentiel mais peut laisser de côté des formations qui sans être explicitement tournées vers ces problématiques, peuvent les aborder dans certaines séquences des cursus quelles proposent.
 


Cursus de formation initiale
 

Formation ingénieur

Plus d’une cinquantaine de spécialités sont offertes en formation ingénieur agronome par les établissements de l’enseignement supérieur agricole.

Certaines de ces spécialités intègrent spécifiquement des thématiques sur la biologie des procédés, les biotechnologies, la valorisation des déchets, la durabilité des processus de production agricoles, forestiers, aquacoles et industriels, la production d’énergie à partir de matières végétales ou animales, l’ingénierie de la transformation du vivant et de la fabrication de matériaux biosourcés, l’éco-conception, ou le développement de molécules issues du vivant à usages industriels.

D’autres spécialités sont plus orientées sur les questions tournant autour de l’intégration des enjeux environnementaux et de développement durable dans la gouvernance des institutions privées ou publiques et des collectivités locales ou nationales, la gestion de projets publics ou industriels, l’élaboration et la conduite de stratégies globales.
 

Masters

Une trentaine de masters sont en relation avec la thématique bioéconomie et recouvrent également des entrées très variables selon que les contenus sont orientés vers des applications agricoles et industrielles ou des enjeux de gouvernance ou de politiques publiques.

Voir la base de formation Agreenium.

Formation doctorale

A venir :

Formation « Evolution et gestion de l’environnement 

Ressources numériques

Les MOOCs (massive open online course) sont des formations en ligne ouvertes à tous, sans limitation de places ou géographique, et qui se déroulent sur plusieurs semaines. Le concept de bioéconomie y est également représenté à travers des MOOCs tels que :


Un concept au cœur de la recherche
 

La recherche sur le concept et les applications de la bioéconomie nécessite des approches transdisciplinaires pour répondre au mieux aux enjeux que représente l’ensemble des activités liées à la bioéconomie et leur articulation avec la transformation du fonctionnement de l’économie, dans la perspective d’un développement réellement durable au Nord comme au Sud, capable d’assurer la préservation des mécanismes régulateurs de la nature essentiels à la vie sur terre.

En 2019, deux colloques sont venus nourrir la réflexion de la communauté scientifique :

  • « La Bioéconomie : organisation, innovation, soutenabilité et territoire » organisée par la Société française d’économie rurale à NEOMA (Reims) en partenariat avec l’IRSTEA, Neoma Business School et L’Université de Reims-Champagne Ardennes, les 4 et 5 juin 2019 ;

  • « Le colloque européen sur la bioéconomie » organisé conjointement par l’INRA, l’IRSTEA, l’IFPN en association avec le MAA, le MTES, le MESRI et le Ministère fédéral allemand de l’alimentation et de l’agriculture, les 29 et 30 octobre 2019 à Paris.

De nombreux laboratoires sont engagés dans la recherche sur des thématiques liées à la bioéconomie, en particulier sur : 

  • L’innovation au service de la transition vers la production de biomasse et son utilisation dans les processus et procédés de production agricole et industrielle ;

  • Les problématiques de sciences sociales sur la gouvernance des territoires et de la transition écologique et énergétique

  • les enjeux de développement durable à l’échelle mondiale, que doivent viser ces activités de bioéconomie.

 

Pour aller plus loin
 

Bioéconomie, en saisir toutes les opportunités, Dossier APCA n° 1044, juin-juillet 2015

Bioéconomie : enjeux d’un concept émergent, Elise Delgoulet, Jeanne Pahun, Document de travail, n° 10, décembre 2015, Centre d’études et de prospective, Ministère de l’agriculture et de l’alimentation

Programme de recherche Horizon 2020, Green deal européen
https://www.horizon2020.gouv.fr/pid29769/bioeconomie.html

Stratégie nationale pour la bioéconomie (2017)
https://agriculture.gouv.fr/une-strategie-bioeconomie-pour-la-france-plan-daction-2018-2020

Site INRAE – Dispositifs de partenariat pour la bioéconomie
https://www.inrae.fr/bioeconomie/bioeconomie-dispositifs